Le guide du marketing territorial rédigé par Vincent Gollain dans le cadre du CDEIF, permet une approche méthodologique adaptée à tout type de territoire. J’ai eu l’occasion de le tester cette année à deux reprises, sur le Maroc et sur la Chine.
L’ENA (Ecole Nationale d’Administration) a un partenariat avec l’Université Al Akhawayn, à Ifrane (Maroc). Fin octobre, je suis intervenue dans le cadre d’une formation sur le marketing territorial destinée à des fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur en charge de l’action territoriale. Pendant une semaine, vingt-deux d’entre eux, venant aussi bien des directions centrales que des différentes régions marocaines, ont abordé la méthode et réfléchi à sa déclinaison possible sur leurs territoires (article complémentaire)
Le Maroc a mis en place ces dernières années une stratégie volontariste de développement économique qui a pour objectif le renforcement du tissu industriel marocain et le positionnement du pays sur des secteurs pour lesquels il dispose d’avantages compétitifs (Plan Emergence pour l’industrie, Vision 2020 pour le tourisme, etc.). Ainsi, le Maroc travaille à la création d’un environnement d’affaires attractifs et s’appuie sur l’AMDI (Agence Marocaine pour le Développement des Investissements) pour prospecter les investisseurs internationaux.
A l’occasion du séminaire, nous avons travaillé plus particulièrement, à partir de CERISE REVAIT®, sur le positionnement du Maroc sur l’offshoring (Technopolis, Casanearshore…) et sur l’agroalimentaire (Agropolis). Les participants étaient désireux de connaître les différences entre le marketing d’entreprise (que certains avaient eu l’occasion d’aborder dans le cadre de leurs études) et le marketing territorial. Le renvoi à des outils bien connus par les professionnels du marketing d’entreprise et la façon dont on peut utiliser une bonne partie d’entre eux pour le marketing territorial les a fortement intéressé. Elaborer une stratégie de marketing territorial suppose aussi d’anticiper et de mettre en place son dispositif de veille. Le lien avec la prospective territoriale, en amont de toute démarche stratégique, et avec l’intelligence économique appliquée aux territoires, a retenu également l’attention des participants.
Sur la Chine, j’interviens dans le master « Economie de la Chine » du CERDI (Centre d’Etudes et de Recherches sur le Développement International) à Clermont-Ferrand. Avec des étudiants chinois, je me sers de la méthode CERISE REVAIT® pour décrypter le positionnement en termes de marketing et communication des provinces, municipalités et zones d’activités chinoises. Ainsi, cette année, nous avons par exemple travaillé sur Pékin, Xiamen, Shanghai et le Sichuan.
Hormis les caractéristiques chinoises déclinées à travers les grands plans de développement chinois (nord-ouest de la Chine, « Go to West », zones hi-tech) qui proposent des facilités d’investissements très attractives, nous constatons que les arguments concernent bien toutes les composantes déclinées dans CERISE REVAIT® et sont de même type que ceux que nous utilisons en Europe, et que les plans de communication mis en place dans le cadre des stratégies marketing utilisent les mêmes supports.
En utilisant CERISE REVAIT®, cela nous permet ainsi d’avoir un « benchmark » intéressant notamment au niveau des territoires concurrents. Cela a été le cas des exercices menés sur l’offshoring et l’agroalimentaire à l’Université Al Alkhawayn. Et également de nous éclairer sur des bonnes pratiques qui peuvent être rapportées sur notre territoire, ou de détecter des partenaires potentiels, ce qui peut être le cas pour le Maroc dans le cadre du bassin méditerranéen.
Comme l’indique Vincent Gollain dans le Guide du marketing territorial, le nombre d’agences ou d’associations en charge de promouvoir leur territoire est en croissance. Selon le cabinet Ernst&Young, 2 000 agences opèrent en Europe. Viennent s’ajouter à ces agences les actions menées par les clusters. La professionnalisation des acteurs avive la concurrence et il s’agit de pouvoir mettre en avant de réels avantages comparatifs.
A travers ces interventions, nous pouvons, en tant que « développeurs économiques » ayant une bonne pratique du terrain, apporter une méthode éprouvée à des responsables en charge de l’action territoriale, mais aussi à des jeunes qui vont s’insérer dans le tissu économique, et qui auront ainsi la capacité de comprendre en quoi le territoire joue un rôle important dans l’économie.
Patricia Auroy
Vice-présidente
CDEIF